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26 août 2009 3 26 /08 /août /2009 18:08

L’INSTIT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Préambule

 

 

 

 

                            Y a-t-il des bons et des mauvais instits ou profs ?

Difficile d’y répondre. Très difficile d’affirmer que celui-ci est bon et celui-là mauvais. Les opinions diffèrent.

Bon ou mauvais, un enfant très doué percera toujours. Pour les parents de celui qui rame c’est de la faute de l’enseignant.

Le récit qui suit est une histoire vraie et vécue, à une ou deux années près, dans les années 1934 à 1936.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’ECOLE

 

 

 

                            C’était un groupe scolaire comme il en existait bien d’autres. Il était divisé en deux, avec un grand mur pour séparer les cours de récréation des garçons et des filles

Chaque aile comprend quatre classes de deux divisions. Le parcours se fait au rythme de une année par division soit, huit années d’études en primaire. L’entrée étant à six ans, la sortie se fera à 14 ans avec ou sans le Certificat d’Etudes. Les classes sont numérotées de 4 à 1. La rentrée se faisant dans la classe 4 pour les débutants.

Les instits de l’époque sont : en quatrième, une femme, l’épouse du directeur, très bonne personne un peu boulotte, elle a l’allure d’une bonne mère de famille et sait se faire obéir gentiment, n’ayant jamais eu de problèmes. En classe 3, une vieille fille ou, tout au moins, une célibataire, énergique, grande, mince, s’exprime assez sèchement, un ton qui n’admet pas tellement la contestation. Pas de problème. En classe 2, un maître, petite moustache, grand, grosses lunettes et des grands yeux. Au premier abord, n’est pas ce qu’il semble être. Nous y reviendrons. Et enfin, en classe 1, le directeur, un instit formidable, comme il n’y en a trop peu. Un appétit de réussite, un travail considérable, une façon d’enseigner formidable, on est dans une très belle ambiance de travail. Homme très droit, humain, qui ne s’en laisse pas compter. Avec lui, on est obligé de réussir.

Nous allons suivre le parcours de la quatrième classe à la première en suivant un élève parmi les autres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’élève

 

 

 

                            Appelons le Paul, troisième d’une famille de quatre enfants dont le père est décédé très tôt. A la suite du décès du père, la maman reste avec quatre enfants en bas âge, de trois mois pour le dernier à neuf ans pour l’aîné.

Paul à peine trois ans va être, toutes proportions gardées, la victime toute désignée. Effectivement, les gros câlins lorsqu’il y en a, c’est pour le plus petit. Est-ce que cela a pu influencer son caractère ?

Natif de la campagne, a commencé sa scolarité dans une de ces écoles de campagne, à classe unique. Garçons et filles dans la même classe, mais quand même, les filles d’un côté et les garçons de l’autre. En somme, dans la même classe, huit années et une seule maîtresse. Celle-ci, jeune et dynamique ne s’en laisse pas compter. Son travail est bien organisé. Elle utilise les meilleurs élèves soit garçon ou fille pour la seconder et ça marche très bien, elle obtient de bons résultats chaque année au Certificat.

Paul est un bon élève, en trois mois, lit couramment, fort en maths et bien volontaire, éprouve le désir d’apprendre.

Sa destinée, est que la situation familiale oblige un départ de la famille vers la ville avant la fin de l’année scolaire, au tout début de juin alors que les vacances ne sont que le 14 Juillet.

Il fait donc une rentrée vers le 5 ou 6 Juin de façon à ne rien perdre. Il devra affronter d’une part dans le village et d’autre part à l’école, une terrible opposition de la part des enfants.

Pour les villageois, un paysan est un rien du tout, c’est un être inférieur, ignare, méprisable. D’ailleurs, lorsque l’on veut abaisser quelqu’un, on lui dit :

- Espèce de paysan.

Il s’en sortira bien, grâce à sa volonté, son cran et tout en étant de la campagne, il est plus malin qu’eux et ne se gêne pas pour leur dire :

- Le petit paysan vous en montre, pauvres minables.

Ainsi est la situation pour le petit Paul

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le parcours

 

 

 

                            Dès son arrivée, il est incorporé dans la deuxième division. Dés les premiers jours, la maîtresse est surprise de son savoir et le fait passer dans la division supérieure où il excelle encore. Comme quoi, l’enseignement à la campagne peut être de très bonne qualité.

A la rentrée du premier Octobre, il est surpris de se retrouver en troisième classe avec une année d’avance.

Il doit affronter la jalousie des autres :

- Le chouchou à la maîtresse.

Il lui faut peut de temps pour se faire remarquer. Ayant fini ses devoirs beaucoup plus vite que les autres, il fait en douce les devoirs de la division supérieure. La maîtresse le remarque et décide de lui faire gravir l’échelon supérieur. L’ambiance de travail est très bonne et il progresse très vite.

Nouvelle rentrée et nouvelle affectation. C’est l’arrivée en deuxième classe à 9 ans, avec deux années d’avance.

Ce n’est pas sans une certaine appréhension qu’il se met sur les rangs. La renommée de cette classe est connue de tous. Déjà, sur le parcours, ça discute fort contrairement aux autres classes. Il faut faire un détour par le porche d’entrée pour gagner la cour extérieure où se situe la classe. Cela chahute un brin. Le maître reste impassible. Qui pourrait penser qu’un tel homme à l’air sérieux et redoutable ne sache pas se faire obéir.

L’entrée en classe se fait bruyamment, on va s’asseoir en bousculant copains et matériel. Ceux de l’an dernier et les redoublants donne le ton. Le : la, est donné, l’orchestre peut jouer.

- Silence et tout le monde assis

Certains s’assoyent, d’autres non, mais le vacarme continue.

Nouvel ultimatum

- Silence, silence j’ai dit.

Cela diminue en intensité progressivement, mais ce n’est pas par la crainte.

 

 

 

Une parenthèse :

C’est un homme très engagé politiquement au parti communiste, très actif à cette époque. Il fait pas mal de réunions électorales. Il prépare ses discours pendant la classe. Il est tellement pris qu’il ne doit pas toujours entendre ni réaliser ce qui se passe en sa présence. Lorsqu’il faut rétablir l’ordre, il procède par la force, ce qui n’est pas toujours bien accepté.

                            Dés que tout le monde est assis, il se cherche un peu comme si, il se demande qu’est-ce que je vais leur donner à faire.

- Bon, je vais tester vos connaissances après ces longues vacances.

Pour la grande division, comme on dit couramment, un devoir déjà fait l’an dernier. Cela grogne un peu, mais bah !

Pour les nouveaux, un devoir de niveau inférieur.

Tout est à peu près calme à part quelques chuchotements, puis tout d’un coup :

- Ta gueule, con.

- Qui a dit ça ?

Personne ne répond, on baisse la tête

- Flambeau, viens ici.

Une tête à taper dessus s’approche du bureau :

- Mais Monsieur, ce n’est pas moi.

- C’est qui alors ?

- Je ne sais pas.

On ne moucharde pas ici, sinon la dérouillée à la récré.

D’un geste brusque, le maître lève son cul de sur la chaise et balance une gifle au pauvre Flambeau qui tangue un bon coup.

En se rasseyant :

- Que cela serve de leçon, à ta place.

Le pauvre se frictionne la joue et rejoint son banc.

Les tables et bancs, sont cinq ou six places, de sorte que si on est au milieu, pour sortir il faut se dégager du banc et passer derrière les autres. Une bonne occasion pour les taquiner, les pincer, enfin les faire crier pour troubler la classe. Certains y mettent une certaine bonne volonté.

Après cette entrée en matière, certains des petits nouveaux tremblent. Le petit Paul appréhende un brin la suite.

Il y a quelques redoublants, en général pas les meilleurs élèves, mais aussi certains qui, dans un milieu de travail agréable s’en seraient sortis. Parmi ceux là, des durs avec qui le maître met la pédale douce, mais…

Lorsqu’il y a trop de chahut, il faut intervenir. C’est le cas de Pierrot (Pierre), un véritable boxeur, il cogne dur.

Alors que ça déborde, le maître sortant de sa torpeur :

- Jouan, viens ici ;

Il arrive le Pierrot en roulant les mécaniques et se plante devant le bureau. Il a l’habitude.

 

Au moment ou l’instit se dresse et balance sa gifle, Pierrot se penche en arrière de telle sorte qu’elle passe sans atteindre son but. Mai le maître emporté par son élan s’aplatit sur le bureau.

Déchaînement général, rires, applaudissement et cris

- Silence et vas à ta place, tu me payeras ça.

Et le pierrot retourne à sa place content de faire crouler la classe sous les rires.

Le ton est donné pour la séance et ce, jusque la récré. Les nouveaux arrivants prennent part aux festivités.

- Tu vas te taire toi, là-bas, oui toi, Ernest.

- Je ne dis rien, moi.

- Viens ici.

Il arrive en prenant bien son temps.

- Met tes doigts comme çà (joignant le geste à la parole, réuni ses cinq doigts en tendant la main)

Tout le monde sait ce qui va arriver, le coup de règle sur le bout des doigts et cela fait bien mal.

Le coup part sec et le môme hurle de douleur.

- Ca t’apprendra.

C’est autour de Tié, Tié d’être appelé au bureau. C’est le frère plus jeune de Flambeau, C’est la tête de turc de tout le monde, y compris de l’instit. Son prénom c’est : Marcel, son surnom, il le doit à son comportement. Il veut toujours suivre les plus grands, alors ceux-ci, l’appelle comme un chien. Lorsque on veut faire venir le chien à soi, on tend la main comme si on avait quelque chose à lui donner et on dit : tié, tié, tié, et le chien s’approche pour avoir une récompense. Il arrive en condamné sachant ce qui va lui arriver. A peine est-il près du bureau que la gifle lui atterrit sur la joue.

- Va à ta place et reste tranquille.

- Mais Monsieur, je n’ai rien fait.

- C’est pour les fois que tu te distrais de trop.

Chaque fois qu’un élève est appelé au bureau, c’est un bon moment de distraction pour les autres, les rires fusent le brouhaha remplit la classe et c’est comme ça tous les jours. Piètre climat de travail.

Paul comme les autres se contamine à ce contact et participe à l’ambiance de démolition. Un jour, il est appelé au bureau et à sa gifle alors qu’il n’avait absolument rien fait et ça, il ne peut l’admettre, n’acceptera jamais une punition non méritée.

- Mais Monsieur, je n’ai absolument rien fait.

- Si c’est toi qui bavardais.

- Non Monsieur, ce n’est pas moi.

- Je t’interdis de répondre ;

- Non, ce n’est pas moi.

- Viens ici.

 

 

Le Paul s’approche la tête haute et brave le maître.

- Bon ça va pour cette fois-ci, tu perds une place.

Pour Paul, c’est une victoire qu’il se soit dégonflé. Mais, il y a quelque chose de cassé. Il ne supporte pas l’injustice, il faudra à l’avenir compter avec lui.

Le maître a comme punition pour les petits nouveaux une drôle de façon d’opérer/

- Toi, recule d’une place.

Les élèves, dans la classe sont rangés par ordre de mérite, en fonction du classement mensuel après les compositions. Le premier, tout près du bureau et le dernier au fond de la classe.

Paul de trouvait à la première place en raison de ses prouesses passées.

Arrivé à sa place, s’adresse à ses copains proches :

- Quand je serai le dernier, je ne perdrai plus de places.

- Que dis-tu ?

Et de répéter bien fort ce qu’il a dit à ses copains.

- Bon, va à la dernière place.

Il s’exécute de bonne grâce et dit :

- Bon, je suis arrivé, il ne peut plus me punir avec ça.

Le maître a bien entendu et ravale sa salive, une erreur de plus.

La guerre est maintenant déclarée. Le petit élève studieux devient un révolté et va s’initier à embêter le maître d’une façon plus adroite pour ne pas recevoir trop de gifles.

C’est toujours le fort en maths, il continue de faire les problèmes de l’autre division pour sa satisfaction personnelle.

Un jour, alors que le maître corrige au tableau un problème que personne n’a compris, il s’exclame avec un petit sourire narquois :

- Vous voyez, ce n’était pas difficile.

Une petite voix s’élève :

- Pardon Monsieur, vous avez fait une erreur, le résultat est faux.

- Comment ça ?

Et de lui expliquer, mais il n’a pas l’air de comprendre.

- Bon, viens me faire voir, sur de lui, il sourit.

Paul s’avance et avec la craie rectifie l’erreur.

- C’est juste, c’est une faute d’inattention, j’ai voulu aller trop vite.

Paul, fier de sa victoire lève les bras au ciel, applaudi à tout rompre par l’ensemble de la classe.

- Va à ta place et ne soit pas si fier.

Pour le maître, c’est très difficile à avaler.

Dorénavant, lorsque tout le monde sèche, l’instit, avant de répondre lui-même s’adresse à Paul :

- Et toi Paul, tu as la solution ?

Suivant son humeur, il répond favorablement ou alors, s’il est en grippe contre le maître, après avoir passé la réponse au copain d’à côté, il répond :

- Non, je ne sais pas le faire.

Le maître se prend par la main, sachant que Paul ne va pas intervenir.

- Voilà, vous voyez.

Le petit malin près de Paul :

- Monsieur, Paul m’avait donné la réponse avant.

La gorge du maître se gonfle, on dirait qu’il va éclater, puis rien.

Plusieurs fois Paul refuse d’aller faire le problème au tableau malgré les insistances du maître, prétextant qu’il ne sait pas le faire. Il n’est pas dupe et le gars Paul est très têtu.

                            Parfois, alors que tout le monde est assidu à faire le travail demandé, des ronflements sonores se font entendre. C’est le maître qui s’est endormi sur le bureau, la tête sur ses bras. Il en met un coup. Le réveil se fait en fanfare, rires, cris et gros mots fusent.

Tout d’abord, ce sont les boulettes de papier qui pleuvent sur lui et le bureau. Ne se réveillant pas, ce sont des gommes, quelques grognements, puis de nouveau des ronflements. C’est au tour de la grosse artillerie, notamment des règles. Alors, une face bouffie se relève doucement, des yeux gonflés scrutent la classe. Il se demande où il est. Puis soudain, prenant conscience, il hurle :

- Silence et au travail.

Il se lève et évalue la quantité de projectiles. Il n’ose rien dire, ramasse les règles et gommes pour les poser sur le bureau. Elles seront récupérées en douce, tout au moins fera-t-il semblant de ne rien voir.

Ou encore, un élève plus gonflé que les autres se lève et dit :

- Monsieur, je récupère ma règle, quelqu’un me l’avait piquée.

Les séances sommeil se font surtout dans les périodes électorales, il ne doit pas dormir beaucoup. Il prépare aussi parfois en classe des discours, on le devine au nombre de feuilles. Dans ces cas là, il est tellement concentré sur le contenu qu’il oublie complètement les élèves.

Et puis, tout à coup c’est le sursaut, il se lève comme un fou et tant pis pour celui qui se présente à portée de la main, c’est une gifle qui lui arrive sur la figure, puis pour essayer de mettre fin au chahut, il veut frapper fort :

- Jouan, viens ici.

Et le Pierrot arrive toujours en roulant les mécaniques et décidé à ne pas se laisser faire.

- Met tes doigts comme ça.

Doigts joint et dirigés vers le haut.

Il se met en position, non pas comme un condamné, mais comme quelqu’un qui affronte un ennemi.

Il fixe le maître, les yeux dans les yeux.

 

 

La règle arrive avec force, mais le condamné refuse la sentence. Il tire sa main au bon moment la règle fait une trajectoire dans le vide et se maître emporté par son élan est entraîné vers l’avant et manque de se casser la figure au pied de l’estrade.

Vexé, il remonte la marche et le pierrot est déjà reparti à sa place sous les applaudissements de la classe.

Une autre fois, c’est au tour de Flambeau d’être appelé au bureau. Il arrive avec la mine des mauvais jours. Le maître ne tiens pas à ce que la parade de Pierrot fasse boule de neige, aussi il prend le poignet de flambeau et le serre très fortement ne façon à ce qu’il ne puisse retirer sa main d’un coup brusque.

La règle s’abat très durement sur les pauvres doigts du malheureux môme qui pousse un grand cri de douleur. La réaction est tout aussi brutale, Le pauvre Flambeau est chaussé de sabots bretons, Ce sont des sabots en bois, taillés dans la masse.

A environ trois mètres du bureau, il saisi un de ses sabots et le projette de toutes ses forces dans le panneau avant du bureau. Un grand bruit sec et le panneau rend l’âme. Flambeau projette de la même façon une insulte que je me dispense de répéter, il ramasse son sabot qui, lui a bien résisté et rejoint sa place.

Le maître reste pantois et ne peut que constater les dégâts, se rassoit sans rien dire. L’incident est clos et n’apporte rien de bon à ce pauvre instit.

Tous les jours, il y a des élèves de frappés, mais ils sont de plus en plus indisciplinés. On peut dire : plus on puni, moins on est respecté.

En ce qui concerne Paul, il a sa part de gifles et de coups de règle, mais il opère plus par ruse et se moque ouvertement du maître, ce qui fait bien rire les autres.

A la fin de la deuxième année, Paul devrait passer dans la classe supérieure, mais… Un autre élève plus âgé que lui est candidat à la montée, mais d’un niveau bien inférieur. C’est le fils d’un communiste, ami de l’instit. Alors une magouille se fait. Tout d’abord, le maître organise une épreuve entre lui et Paul. Le résultat est sans appel, Paul est le premier. Mais, ce malhonnête d’instit qui ne peut refuser au père l’accession du fils dans la classe supérieure s’adresse à Paul en ces termes :

- Tu es bien plus jeune que lui, c’est normal que ce soit lui qui monte en première classe, tu comprends.

Paul, a très bien compris qu’il y a là une espèce de vengeance.

Il en parle à ses parents qui ne sont pas comme ceux de maintenant.

- Si le maître te fait redoubler c’est que c’est nécessaire.

Ses parents ignorent tout de ce qui se passe à l’école. Si Paul disait que le maître lui avait donné une gifle, il en prendrait une autre par sa mère.

- Si le maître t’a giflé, c’est que tu le méritais, et pan.

L’année suivante sera une année de haine envers l’instit et le travail sera très mauvais.

 

La rentrée suivante, il accède à la première classe. Là, le directeur est un champion et personne ne la ramène. Il n’a jamais giflé un élève. Ses punitions consistaient à donner un problème à faire pendant la récréation. Comme Paul était très fort en maths, pour lui, il en recherchait les plus durs du livre de maths. Il les a toujours réussis. Dans cette classe, tout le monde se tenait bien, d’ailleurs, il n’y avait pas de temps creux, on avait constamment du travail à faire, on entendrait une mouche voler.

Pour la classe du certificat, il y avait l’étude après une récréation d’une demi heure à la sortie de l’école permettant à ceux qui le peuvent d’aller faire un petit goûter.

L’étude était surveillée en alternance d’une semaine par le Directeur et l’instit de la deuxième classe. Avec lui, ça se passait toujours mal. Paul décide de frapper un gros coup.

Un soir il propose à six ou sept copains de se planquer dans les toilettes au moment où l’instit va sonner la rentrée de l’étude et d’attendre son signal pour sortir des toilettes et rentrer tous ensembles.

Après l’accord d’emblée, on passe à l’action.

Coup de cloche pour rentrer. L’instit se rend compte qu’il y a du manque :

- Allons les derniers pressez-vous.

Rien ne bouge pendant un certain temps, puis, Paul entend des portes qui s’ouvrent et se referment discrètement. Il commence à s’inquiéter, serait-il resté seul ?

Depuis combien de temps est-il là ? Au moins dix minutes. Il faut s’en assurer. Il ouvre sa porte en silence et va voir dans toutes les autres toilettes, personne. Il comprend qu’il est resté seul abandonné par les copains.

Il faut sauver la face. Alors Paul bien droit dans ses bottes comme qui dirait… Et se dirige vers la porte d’entrée de la classe, frappe.

- Entrez.

Dés que Paul entre, les applaudissements et cris fusent, c’est le désordre indescriptible.

Il faut prouver qu’il n’a pas peur, entre la tête bien droite, fixant le maître qui lui intime l’ordre de venir près du bureau. Il s’attend à une gifle.

- D’où viens-tu ?

- Quêque part.

Il n’a pas le temps de réfléchir que la gifle tellement forte le balance à deux mètres sur les premières tables de classe. Le maître est dans une telle fureur.

Hélas ! Pour le maître, au moment où il frappe, la porte du couloir s’ouvre brusquement et le Directeur apparaît, furieux après le maître qui a frappé un élève alors qu’il n’en a pas le droit.

- Vous êtes malade, vous n’avez pas le droit de frapper les élèves.

S’en suit une de ces engueulades du pauvre instit, devant toute une classe médusée et surprise, le malheureux, piteux ne sait pas quoi dire.

 

 

Le Directeur repart en disant :

- Que ça ne se reproduise pas jamais.

L’étude se termine dans le calme absolu, mais quelle honte pour l’instit. Paul avait obtenu sa revanche.

En fin de scolarité, Paul est reçu au CEP avec mention bien ne ratant la mention très bien par une mauvaise note en chant. Il n’est pas permis à tout le monde de savoir pousser la chansonnette. Cela donnait un bonus de cinq points.

 

 

 

 

 

Point de vue

 

                            On a pu constater que, on s’installe dans la punition et qu’elle ne devient plus efficace. Comme je l’ai déjà dit plusieurs fois, une punition est efficace lorsqu’elle est justifiée et donc comprise, en conséquence acceptée.

Trop punir nuit à celui qui punit de trop et se retourne contre lui.

Vouloir obtenir la discipline uniquement par la répression est une grosse erreur, c’est ouvrir le chemin de la révolte.

L’histoire nous a toujours appris que, toute dictature assise sur la répression est un jour renversée par une révolte.

 

 

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